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ADRA

Une Antigone par Thérèse Françoise Crassous

28 Juin 2010 , Rédigé par L'équipe de l'Adra Publié dans #Mots de l'Adra

Antigone, amoureuse d’Hémon frétillant dandy,

Au corps ambré de superbe Apollon

Batifolait, insouciante et belle.

Son prénom recherché commençait par un A

Dans l’alphabet c’était, pour l’année, la première voyelle.

Elle avait été nommée ainsi en souvenir d’Anouilh,

Et d’une lignée de race des seigneurs de Thèbes.

Son frère, Etéocle, aurait pu s’appeler grand bêta

Tellement il était très souvent une nouille

Et pataud. Son frère puîné Polynice

Avait les mollets aussi gros que ses cuisses.

Ensemble, ils s’amusaient, couraient le guilledou

Avant d’être rappelés à l’ordre par un sifflet

Et de se faire gronder pour un peu tout.

Ils regimbaient souvent, n’aimaient pas la laisse.

Ils avaient un désir énorme de liberté

Souhaitant être par-dessus tout, à l’aise.

Les deux frères voulaient tous les deux être rois de la niche

Et se cherchaient continuelles querelles.

Ils se battaient comme des fous,

Jusqu’au moment funeste où ils se sont entretués.

 

Créon, leur maître n’aima pas ça du tout

Et voulut punir Polynice qui avait commencé,

Lui refusant la sépulture qu’à l’autre il accorda.

Le traitant de traître, aux quatre vents, il le jeta.

 

Antigone éplorée, craint les foudres de Créon.

Mais elle veut enterrer dignement

Son frère très cher et donner à son âme errante

La paix bienfaisante de son dernier repos !

Elle, craintive et servante docile,

Sortir à la nuit, défier les interdits

Pour creuser un trou, sépulture décente.

 

Encore adolescente, elle a compris que son ami rebelle

Comme elle à son âge avait les même goûts

Et l’instinct de soumission n’était pas de ceux

Qu’on pouvait imposer aux caractères ambitieux.

Elle le défendait en son âme et conscience, 

Prête à braver la mort pour désobéissance

Et risquer le courroux de son maître chéri.

 

Partagée entre devoir et penchant de son cœur,

Pour ce choix difficile, elle se désolait

D’une voix inaudible et dépérissait.

Son destin était-il de mourir pour celui qu’elle aimait ?

Elle implora les dieux de la Grèce antique

Et la Pythie aux pouvoirs fantastiques

Qui la laissèrent tomber comme une vieille chaussette.

 

Son maître endormi, elle décida de se couvrir de cendres,

Puis guetta l’ombre avant que de descendre,

Se coula dehors comme un conspirateur :

Dans le feu de l’action, elle n’avait plus peur.

Et si un lendemain lugubre frappait à la fenêtre ?

« Après tout, on verra bien demain » se dit-elle fataliste.

Et repartit se coucher, satisfaction au cœur.

 

Que de drames s’ensuivent dans la pièce de théâtre

Qu’elle a entendue un soir lire, à la veillée,

Par Eurydice, comédienne, à son époux épris !

 

Quel cauchemar terrible, Antigone a-t-elle fait ?

Elle se voit dans le cachot, morte

Hémon s’immole près de sa fiancée

Eurydice ne peut pas supporter de perdre son adoré,

Et maudissant le terrible maléfice

Qui s’abat sur la famille de ses chiens de concours,

Ne trouve que la force de mettre fin à ses jours

Pour arrêter enfin ces atroces suicides.

Mais non, ce n’était rien, le jour se lève heureux.

Ah ! Antigone a échappé au supplice dramatique

D’être enterrée vivante, et d’à sa laisse, se pendre !

 

Son maître, mis de bonne humeur par sa belle moitié,

Ne s’aperçut de rien dans la terre des massifs.

Le soleil brillait, le printemps fleurissait.

Elle vint comme d’habitude en remuant la queue,

Fit des bonds, des mamours à son maître au matin

Puis se mit sagement aux pieds, sous la grande table

Secoua ses oreilles qui gardent un rien de sable

Et goûta aux plaisirs du petit déjeuner :

Quelques miettes par ci, une bouchée jetée.

Elle oublie son chagrin d’avoir perdu son frère.

Mais on ne le verra plus, il est bien enterré

Comme veut la tradition, c’est sûr, pour accéder

Au paradis des chiens.

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