De tout coeur avec le peuple japonais
Les drames que traversent les Japonais nous touchent profondément. Pour certains, l'art est un moyen de faire sortir de soi ces émotions si fortes.
Ainsi, Rahmat Rafighi, notre peintre, s'exprime sur toile
le Japon se relèvera
Régine Vivien, participante à un atelier d'écriture animé par Carole Menahem-Lilin, pose des mots pudiques :
Montpellier, le 11 mars 2011, 16h30
L’open space est calme, les employés rédigent leurs documents, étudient leurs dossiers, enregistrent les informations en cliquant sur leurs souris, l’œil attentif à l’écran où défilent les données. Une ou deux fenêtres sont à demi ouvertes sur un ciel bleu lumineux, laissant entrer un air froid mais revigorant.
Pauline n’arrive pas à se concentrer. Stéphanie, petite brune dynamique, en face d’elle énonce, comme une litanie, toutes ses vérifications. Devant ce dossier compliqué, absorbée par sa tâche, pour ne rien oublier, elle énumère les critères à voix haute. La nuit a été courte, Pauline, agacée, sent sa patiente diminuer au rythme de la litanie. Pour ne pas exploser elle se lève et se dirige vers la machine à café avec sa dosette.
Elle observe le chantier à travers la fenêtre du fond. Il avance, les deux maisons commencent à prendre forme. La plus proche en est au deuxième étage. Les deux maçons posent les quérons bien régulièrement, les jointant au ciment à l’aide de la truelle et de la taloche.
Japon, Miyako, le 11 mars 2011, 16h30
Un bruit sourd qui s’est amplifié a inquiété Mme Kakuchi. Elle a laissé la correction des devoirs de sa classe et s’est dirigé vers la fenêtre. De sa maison, sur les hauteurs, incrédule, tétanisée elle a découvert la vague qui déferle, bouillonnant, charriant de la terre noire, des débris, du bois, du fer, des hommes, des femmes, des enfants happés sur son passage. Des larmes coulent sur le visage impassible de Mme Kakuchi. Elle les a vu ces silhouettes emportées, enlevées par la vague. Grondant et mugissant celle-ci avance sans répit, brisant, concassant, écartelant voitures, frigidaires, portes, fenêtres, poteaux électriques et humains. Transperçant ce qu’elle ne peut abattre, elle s’engloutit à l’intérieur noyant tout. Elle avale, roule, Mme Kakuchi pense qu’elle ne redescendra jamais. Cette vague, sa force est terrible, sa colère, sa rage la font bondir, la transportent, elle montre les dents, elle déborde en un mot.
Quand elle s’apaise enfin, sa folie a anéanti la ville, les champs, englouti les vies, les sourires, les bonheurs. Il ne reste que le silence à Mme Kakuchi.
Montpellier, le 11 mars 2011
Pauline, son agacement retombé, sa tasse à la main, retourne à son bureau (le tsunami n’inondera son petit salon que le soir à la télévision). Les deux maçons, au dehors montent toujours les murs de la maison. La journée s’achève sans heurt dans l’open space.
N'oubliez pas ce soir le concert en faveur des sinistrés du Japon.
Liens
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