Une année Rafighi : Novembre

                                            

(c) Rahmat Rafighi

Caccia de Novembre

par Claude Seintignan

Il y a des gens au bord des portes closes

Dans les matins froids de novembre finissant

Qui rêvent qu’ils sont autre chose …

Parfois, ils rêvent qu’ils sont des princes.

Pas des princes puissants, vifs et vigoureux.

Ils se rêvent princes soyeux comme des chats frileux

Qui regardent pétiller le feu vivace dans l’âtre

Des princes qui pensent dans leur solitude à des filles aux yeux clairs

En appuyant leur front froid sur le pommeau de leur épée de guerre

Ils n’imaginent pourtant jamais la furie sanglante des combats

Ils rêvent d’une table bien garnie, de convives joyeux, de rondes enfantines

Et de femmes couronnées, lentes comme des hémisphères

Il existe ainsi dans les petits matins froids

Des gens se disant qu’ils sont des princes qui rêvent

Qu’ils sont de simples gens rêvant d’amis, d’enfants et de paix

Et le songe des uns se prend dans le miroir de ceux

Qui ne savent pas s’ils rêvent ou s’ils sont rêvés

Et qui regardent par les fenêtres indécises

Dans la lueur mouvante d’étranges vapeurs bleues

Les paillettes jaunies des feuilles de sorbier

Parsemant de pluie d’or les matins gris de cendre

Caccia : forme musicale typique de la Corse et de l’Italie composée d’un canon à deux voix. Le mot signifie chasse. En Corse le mot correspondait à un fief, une région.

Liens :

Une année Rafighi : texte introductif

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