Une année Rafighi : Mars
© Rahmat Rafighi
KABUKI DU 11 MARS 2011
par Claude Seintignan
Le jour se couvrit d’un long voile d’angoisse et de silence
Les fenêtres se sentirent soudainement horrifiées
Le ciel obstinément n’arrêtait pas de se déchiqueter
Le ventre de la terre s’ouvrait sous l’eau gravide des dorsales
Ailleurs, les continents virevoltaient
On ne sait comment sur le miroir de l’onde.
Ailleurs, ailleurs, rien n’était semblable au semblable !
On ne pouvait même plus se fier à la quiétude souple des matins
Les nuages n’en finissaient pas de tourmenter un horizon de vagues grises
De gros flocons éclairèrent l’ombre d’une étrange clarté
Et cette note effrayante de violet que l’on retrouvait partout dans le gris
Dès que l’on avait dépassé le liseré blanchâtre de l’écume
Le vent s’acharnait sur les arbres pourtant déjà dénudés
Le vent arrachait les nids dissimulés dans les branches
Le vent couvrait de crachats de sang les buissons de bois pourpre
Le vent faisait fuir les grands oiseaux blancs dans un ciel désormais sans âme
Alors les hommes muets attendirent prostrés derrière les fenêtres sombres
Que l’espoir succède à la nuit ; que la colère des éléments finisse par s’apaiser
Comme si tous ces tourbillons d’embruns, de brindilles, de particules radioactives
Etaient le prix à payer à la colère du jour
Kabuki : Drame dansé au Japon accompagné du shamisen, des gongs, des clochettes et des flûtes.
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