Une année Rafighi : Mai
© Rahmat Rafighi
Cantilène de Mai
par Claude Seintignan
Un jour, il le savait, il irait s’assoir au bord des rives incertaines
Il discernerait la mélopée lancinante de chaque être
Il entendrait la plainte silencieuse des fenêtres
Ouvertes sur le grand mur souple du vent
Il écouterait le cri rauque de poulie des oiseaux blancs opiniâtres
Les tortures incessantes des orages et des nuées
Il percevrait la rumeur des villes abandonnées
Et la description que les anciens grimoires en font au bord de l’âtre
Un jour il serait aussi fluide que l’eau qui rend fluide le fleuve de nos bouches
L’eau qui rayonne à nouveau sur la branche desséchée,
La terre crevassée, la peau blessée des êtres sans lumière
L’eau qui rempli d’espoir les hommes qui ont perdus la patience de rêver
Un jour il marcherait sur le parcours sinueux des frontières hérissées
Un jour il retrouverait le bercement doucereux des cantilènes serinées
Un jour il rentrerait en lui même comme dans un château d’images
Un jour il réveillerait les princesses endormies sur des lits oubliés
Un jour il descendrait les longues pentes éperdues de genêts
Un jour il prendrait la main des fleurs entrouvertes
Un jour il baiserait la bouche des papillons ensanglantant les blés
Un jour il dormirait la joue posée sur l’ombre verte
Un jour il inventerait le grand rêve de Mai
Cantilène : Mot italien, désignant au Moyen-Âge court poème chanté. Aujoud'hui une pièce instrumentale
ou vocale, très liée et chantante.
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