Une année Rafighi : Juin

©Rahmat Rafighi

Magnificat de juin

par Claude Seintignan

Ils lui disaient en descendant le flanc majestueux des crêtes:

Que savez-vous au juste de la lumière indécise des matins ?

Oui, que savez-vous des cerfs élaphes qui baisent les gazons tendres aux aurores

Que savez-vous enfin d’un dieu lumière qui vient ouvrir à chaque aube la corolle des fleurs ?

Ils marchaient maintenant dans ces renonculacées de juin plus hautes qu’eux-mêmes

Délicieusement égarés dans la fragrance confuse des parfums

Comme s’il leur fallait utilement périr dans ces prairies profondes

Pour deviner à quoi pensent nos amis les bêtes juste avant de mourir

Oui, deviner cet instant où l’étincelle quitte le monde

Pour devenir l’intense lumière universelle

Deviner ce que sa it chaque pierre, chaque papillon, chaque fleur

Ce que clame chaque pépiement d’oiseau dans le scandale du bonheur d’exister

Comprendre enfin à la minute ultime du miracle

Qu’il n’existe pas des hommes-êtres, mais juste le bourdonnement d’une espèce

Un écho, un témoignage, une évidence

De l’intelligence exubérante du seul éclairement du jour

Magnificat : Cantique liturgique tiré de l’Evangile selon saint Luc

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