Une année Rafighi : Janvier
Smorzando de Janvier
par Claude Seintignan
Lente dérive de temps qui passe
Sans doute rien de plus que de continuer à rêver
Assis auprès des barques
A lentement rêver de lente éternité
Rêver d’un monde meilleur
Alors qu’il est certainement
Le meilleur monde
Que l’on puisse rêver
Rêver d’une barque là bas
Sur la rive, à l’autre bord du monde
Tandis que là bas
Une barque rêve de l’homme en train de rêver de barque
L’esquif allongé rêve d’homme et de lune :
De lune accrochée comme un fantôme,
A la voile roulée dans ses mâts.
La barque rêve aussi de houle et d’embrun
Et l’embrun rêve de mouette
Saisissant l’ombre d’un poisson
Dans la transparence de la vague
Tandis que la vague rêve de vent
Le vent ne veut plus rêver de nuages
Les nuages ne savent que rêver liséré d’aurore ;
Eventail solaire à l’aplomb du jour
Ils rêvent d’arc en ciel, en valsant lentement sur la rondeur paisible du monde
Le vent turbulent ne veut rêver que vent, que tourbillons s’enroulant en toupie
En sifflant fort dans les doigts des grands chênes dépeignés
Effrayant les chevaux sous la lune dévastée, emportant sur leur dos glacé
Le hourvari ahurissant de la chasse sauvage.
La nuit paisible rêve de jour ébloui,
De jour nuptial lui prenant la main dans les creux violets d’ombre
Le jour rêve de nuits… fourmillantes d’étoiles, de nuits dénudées
Dévoilant une échancrure de noir profond à la fin ultime du monde
Et Dieu seul sait que les rêves des hommes sont
Cette note bleue céleste réjouissant les anges
Smorzando d’Eternité qu’entendent certains agonisants
Juste quelques secondes avant de partir tournoyer dans l’infini
Smorzando : mot italien signifiant qu'il faut laisser le son s'éteindre
Liens :
Partager cet article
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article