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ADRA

Noël cévenol

20 Décembre 2013 , Rédigé par L'équipe de l'Adra Publié dans #Agora des adhérents

Noel-cevenol-recadre.jpg

La jasse est paisible

Là-haut dans le col

Le magestraou

Souffle sur les sotchs

Des paquets de neige

 

L’homme est au repos

Il regarde sa femme

Ses petits loupiots

Ses deux vieux parents

Tous blottis au chaud

Sous le toit de lauzes

Attendant minuit

Pour faire les cadeaux

 

C’est veillée de Noël

La bûche calendale

Flambe au cantou  

Sur le bord en planche

Du vantail tiré

Le coq Crèvecœur

Qu’on a fait saouler 

Claironne la Diane

Tout le monde rit

Le père le fait fuir 

D’un revers de main

Et tire le volet

 

Des châtaignes cuisent

Sur la pierre chaude

Du raisin pendu

Dore et passerille

Au dernier soleil

Qui encore brille

A travers la vitre

Qu’hier le grand-père

D’une main adroite

 

A rafistolé

De papier huilé

 

Des noix, des amandes

Des figues et des prunes 

A peine desséchées

Des pommes, des poires

Dorment en banaste

Tout bien espacé

 

Sur les étagères

Des bocaux remplis

De pêches, de framboises

De mures en gelées

De coings d’or confits

Et pour les plus grands

De cerises qui brillent

Comme des escarboucles

Dans leur eau de vie

 

 

Un bon vin épais

De Fer Servadou

Embaume le cellier

Le petit Jésus

Du fond de la crèche

Leur tend ses bras blancs

L’image de Marie

Baisse les yeux sur eux

Pour les protéger

 

Veillée de Noël 

Ce soir à la jasse

Les enfants le savent 

Impatients ils rêvent

De poupées sculptées

Par l’aïeul boiteux

Avec le tranchant

Vif du Laguiole

Le cul sur une pierre

Couverte de lichens

En gardant les bious

Les longs jours d’été

Sur le pré en pente

Qui longe sous la faïsse

La châtaigneraie

Et puis de sifflets

 

C’est nuit de Noël

De liesse la plus longue

La dame d’en bas

Celle qui vit au bourg

Passe avec son fils

Qu’elle tient par la main

D’un coup de menton

Sec et dédaigneux

Elle désigne la jasse

— Tu vois à l’école

Si tu n’es pas sage

Tu seras comme eux

Et l’enfant ronchon

En pleurant répond

— C’est vraiment pas juste

Toujours les plus pauvres

Sont les plus heureux !

 

Et eux dans la jasse

Etroitement serrés

Les uns contre les autres

Se tiennent par le cou

Dans leurs frocs miteux

Ils sont bien chez eux

Au chaud et tranquilles

Sans la peur du loup

Ils sont bien ensemble

  A boire, à chanter

Et pour les petits

Qui  craignent le diable

  Un peu à prier

 

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N
<br /> Ce poème sent bon le noël cévénol. On plonge dans cette atmosphère avec délice et souvenir d'autrefois.<br />
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